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BELLEVASION

21 avril 2020

NEPAL_octobre_2019

Namasté, au pied du Toit du Monde

    

 

J’ai eu la chance de traverser en voiture l’Afrique saharienne en 1989, d’Alger à Ouagadougou, ainsi que courir dans le désert Marocain, lors du Marathon des Sables en 1999 et ces souvenirs insolites, partagés avec des amis, restent gravés.

Cependant, après avoir découvert l’Amérique du Sud, lors d’un trek au Pérou autour de l’Ausangate en 2009 et d’un trek en Equateur pour l’ascension du Cotopaxi en 2012, l’envie d’arpenter de nouveaux sentiers en montagne était une certitude. Il restait l’Asie à découvrir et de préférence, avec un circuit en Himalaya.

Cinq années de réflexion ont été nécessaires avant la décision de s’inscrire sur un voyage au Népal, dès l’ouverture de la saison 2019.

Enfin, rendez-vous à l’aéroport de Roissy, mon mari et moi, samedi 12 octobre 2019 pour un départ à 22h sur Air India. Petit retard de l’avion de 30mn, en partie à cause de moi qui n’aime pas me distinguer. En effet, ma Savety Belt (ceinture de sécurité) ne se bloque pas, je ne suis donc pas attachée en sécurité. J’interpelle l’hôtesse de l’air indienne, drapée d’un soyeux sari bleu roi, afin qu’elle constate l’anomalie. Cependant, impuissante, elle appelle le steward qui vérifie le matériel et revient avec un morceau de ceinture. Il tente de résoudre le dysfonctionnement en bricolant les boucles mais finalement il décide de faire un double nœud avec les sangles.

Nous volons 9h de nuit jusqu’à New-Delhi, en Inde où nous profitons d’une escale de 2h pour nous dégourdir les jambes après avoir essayé de dormir dans l’avion. Puis nous prenons le second vol pendant 1h30 vers Katmandou.

En raison du déploiement de sécurité renforcé pour la visite du Président chinois «Xi Jinping» au Népal, notre avion a dû tourner pendant 30mn au dessus de l’aéroport où l’on arrive vers 15h (heure locale).

Lors des 2 vols sur Air India, on nous a servi des repas indiens cuisinés au curry si épicé (pour notre palais) que nous avons à peine entamé les barquettes de viande ou légumes. Heureusement des petits yaourts, servis sur les plateaux, ont neutralisé le feu dans la bouche.

 

A l’aéroport de Katmandou, ce fût un périple pour obtenir nos 2 Visas d’entrée. Pendant 2h30, nous avons fait une première fois la queue pour rédiger les visas électroniques avec nos photos, puis nous avons attendu pour payer ces visas en euros et enfin nous avons dû patienter au passage à la douane dans une file interminable pour valider les passeports et les visas.

Nous avons questionné des français qui piétinaient dans les autres files avec des étiquettes identiques aux nôtres sur leurs bagages, mais ils n’étaient pas inscrits sur le même voyage.

 

Vers 17h15, nous sommes enfin sortis de l’aéroport seuls dans la rue avec nos sacs bien trop lourds. Aucun touriste français à l’horizon, il faisait nuit et nous n’avions aucune consigne de notre agence de voyage. Nous avons dû chercher notre interlocuteur, dans la pénombre, parmi les dizaines de chauffeurs Népalais qui criaient avec leurs pancartes illisibles. Au bout de 15mn, nous avons fini par déchiffrer le nom de l’agence et trouver enfin le chauffeur pour nous emmener à l’hôtel MANASLU, situé au fond d’une ruelle sombre et déserte de Katmandou. La journée n’était pas finie.

A l’hôtel, nous avons été présentés à notre guide francophone DINESH, qui nous a accueillis avec un jus de mangue fraîche et une traditionnelle écharpe jaune pâle brodée, en signe de Bienvenue. Il nous a fait un briefing succinct et nous a informés que le dîner était libre ce soir-là et que nous serions 8 personnes dans le groupe, 3 femmes et 5 hommes. 

Nous avons fait connaissance avec Michel, le seul marcheur présent du groupe, avec qui nous avons arpenté quelques rues des environs dans les 2 sens afin de trouver un petit restaurant.

Lassés et exténués, nous sommes entrés dans une sorte de taverne près de l’hôtel et sommes tombés par hasard sur un spectacle original de danseurs traditionnels déguisés en femmes. Néanmoins, le dîner était frugal, composé de pommes de terre et d’une soupe de lentilles (une variante du plat national le Dal Bath composé de riz et lentilles).

 

La nuit fût courte car nous nous sommes levés à 2h30. Dans le hall de l’hôtel, nous sommes présentés à nos 6 compagnons de trek et constatons que nous sommes le seul couple du groupe. Il y a 2 femmes célibataires, dont l’une réside en Suisse et je les trouve aventurières de s’intégrer à un groupe pour 3 semaines de montagne.

Sans avaler de petit-déjeuner, nous prenons la route à 3h du matin, en mini-bus vers un aérodrome éloigné de Katmandou. L’aéroport de la Capitale débordant de touristes empruntant principalement des vols internes, le gouvernement a décidé de rediriger les étrangers vers les aérodromes en province.

Nous roulons donc durant 4h sur des routes et pistes « défoncées » à cause de la mousson récente qui a dégradé le bitume. Au cours du trajet, notre guide nous informe que le séisme de 2015 a endommagé les routes qui n’ont toujours pas été reconstruites. Nous avions envisagé de prolonger notre nuit dans le bus mais impossible de fermer l’œil, tellement nous étions secoués.

 

Nous sommes arrivés enfin à l’entrée du minuscule aérodrome de Ramechhap, blindé de voyageurs en quête d’aventure. C’était une joyeuse pagaille et un brouhaha car chaque groupe de touristes voulait passer devant l’autre alors que les douaniers survoltés et désorganisés tentaient de contrôler le poids des bagages limités à 10kg. Chaque petit avion « coucou » ne contient que 14 places, aussi il faut restreindre le poids des sacs en soute. Nous équilibrons notre gros sac de voyage et répartissons des affaires dans notre petit sac à dos. Nous devons patienter dehors debout, avant de pouvoir embarquer.

Après négociation du guide avec les contrôleurs, nous devons nous frayer un chemin dans le bâtiment exigu, parmi une foule excitée, afin de nous précipiter en courant dans un avion stationné sur le tarmac. Quel stress de prendre un «vol à vue». On est directement assis derrière le pilote et copilote, à qui nous pouvons parler. Cependant, il y a un bruit de moteur assourdissant et une odeur de kérosène entêtante. L’hôtesse nous distribue d’ailleurs du coton pour insonoriser nos oreilles et des bonbons réconfortants. Au décollage, je suis prise d’un vertige dû sans doute à la prise d’altitude trop rapide mais heureusement pour moi le voyage ne dure que 30 minutes. Nous atterrissons à Lukla, aérodrome renommé pour sa piste d’atterrissage la plus pentue et la plus courte au monde (250m) qui la rend la plus dangereuse. Nous sommes très impressionnés et anxieux de voir en direct, à travers la vitre du cockpit, l’atterrissage sur cette piste en montée. Quelques accidents malheureux ont eu lieu à cause de cette particularité.   

A peine sortis de l’avion sur le tarmac, nous faisons connaissance avec les 4 porteurs d’ethnie Sherpa qui prennent en charge les 8 gros sacs de voyage (2 sacs par porteur, soit environ 35kg minimum chacun). Nous sommes surpris car les porteurs sont plutôt petits et minces. Notre guide garde avec lui son gros sac à dos contenant son matériel personnel et précieux.

 

Lukla est une petite ville perchée à 2800m et avant d’entamer notre trek pour la première étape, nous sommes conviés dans un lodge, pour nous équiper et déguster un thé de bienvenue.

Premier achat de bouteille d’eau dans le village et première petite journée de marche de 3h30mn, en longue descente jusqu’à une rivière puis en longue montée, avant l’arrivée à 2600m, au lodge de Phakding, bondé de marcheurs étrangers.

On nous installe dans une chambre plutôt fraîche puis nous rejoignons la salle de repas à 18h, invités par le guide à prendre connaissance du programme prévu pour les 3 semaines.

Malheureusement, sans doute avec la fatigue du voyage et la nourriture inhabituelle, je suis prise de nausées et vomissements en fin d’après-midi et je ne peux partager le dîner avec nos collègues marcheurs. Le guide est un peu inquiet de mon état de santé.

 

Le lendemain, nous sommes réveillés par des randonneurs matinaux plutôt bruyants mais nous avons l’autorisation de flâner jusqu’au petit-déjeuner à 7h30, avant de reprendre le chemin vers 8h. Ma santé est à la hausse.

Dans ce lodge, l’eau est disponible au robinet, aussi nous remplissons nos bidons avec des pastilles purifiantes, pour la journée à venir.

Le chemin est couvert de cailloux, paré d’escaliers en pierres et équipé de ponts suspendus. Nous marchons toute la journée sur un parcours orné de symboles bouddhistes (tibétains) tels que des stupas blancs commémoratifs édifiés au milieu des villages ou hameaux. Il est d’ailleurs conseillé de les contourner par la gauche afin de respecter le rituel et ne pas attirer les mauvais esprits. Des poteaux de bois, portant des drapeaux de prière ou mantras, sont plantés au milieu des chemins. Ces drapeaux «porte-bonheur» correspondent aux 5 éléments essentiels de la vie : en bas le jaune figurantla terre, le vert signifiant l’eau, le rouge symbole du feu, le blanc représentant l’air (ou le vent) et enfin tout en haut, le bleu est l’emblème du ciel. Parfois, on peut lire le message : « Om Mani Padme Hum » pour lequel il existe plusieurs significations. Sur le parcours se dressent des Manis, gigantesques tas de pierres entassées et sculptées de mantras.

 

Nous marchons parmi une foule inimaginable de trekkeurs venus de tous horizons. Nous sommes très surpris de rencontrer autant de monde sur de si petites pistes. Pour anecdote, parmi ces marcheurs, un jeune homme atypique attire notre attention car il marche pieds nus dans les cailloux avec un gros sac à dos.

Nous montons progressivement, sous le soleil d’octobre, qui correspond à la fin de la mousson et garantit «normalement» des jours ensoleillés. Nous croisons beaucoup de yaks et d’ânes sur les chemins et sur les ponts suspendus où il est vivement recommandé de les laisser traverser seuls car ils sont imprévisibles et peuvent être agressifs s’ils se sentent gênés. Sur les pistes, l’usage est que les yaks ont la priorité et nous avons pour consigne de nous arrêter du côté de la montagne et de les laisser passer tranquillement. Il est déjà arrivé qu’un yak pousse une personne dans un ravin car il se sent menacé. Donc pas de zèle !

 

Sur le chemin, nous pouvons apercevoir pour la première fois, se détachant dans le ciel bleu profond, les sommets mythiques, tels que l’Ama-Dablam (6810m), la pointe de l’Everest au loin (8848m), le Lothse, le Nuptse, le Makalu ou le Cho Oyu, qui constituent les principaux pics de plus de 8000m de la chaîne de l’Himalaya, dans la vallée du Khumbu.

Un ballet d’hélicoptères vole au dessus de nos têtes, emmenant les touristes «aisés» survoler les cimes et admirer le panorama exceptionnel. Cela fait rêver ou pas.

 

Puis, nous arrivons enfin à 3440m, dans la «Capitale des Sherpas» nommée Namche Bazar. C’est le début de quelques petits soucis d’altitude qui dureront tout au long de la montée, tels que migraines, cauchemars, essoufflements ou diarrhées. Pour ma part, j’ai contracté des maux de tête et une sinusite me faisant saigner du nez et m’empêchant de respirer aisément la nuit.

Nous sommes restés 2 nuits à Namche Bazar, qui est le fief des alpinistes en quête des sommets car on trouve Tout dans ce dédale de minuscules rues. Inutile de charger son sac avant de partir car tout l’équipement de montagne est vendu dans les nombreuses boutiques, à des prix défiant la concurrence (méfiance quand même pour les contrefaçons évidentes).

Le lendemain, nous grimpons jusqu’à la petite ville de Khumjung et visitons l’école construite grâce au généreux bienfaiteur Sir Edmund Hillary (le premier homme à avoir réussi l’ascension de l’Everest en 1953 avec le Sherpa Tensing Norgay) et qui deviendra par la suite, ambassadeur au Népal.

Nous déjeunons sur la terrasse d’une petite auberge, très ensoleillée et toute fleurie d’œillets d’inde. Puis nous discutons avec le gérant qui a réalisé 2 fois l’ascension de l’Everest, en qualité de porteur. Ses photos prises au sommet aux côtés d’un alpiniste, ainsi que ses certificats de montagne sont accrochés dans la salle intérieure, près des diplômes scolaires de ses enfants.

Un peu plus loin dans le village, nous nous déchaussons et entrons dans le monastère chargé de symboles religieux tibétains, où un étonnant globe de verre protégeait le «Scalp d’un Yéti». Placés en hauteur, plusieurs bouddhas sont posés de diverses façons, allongés, debout ou assis en tailleur et selon la position de leurs mains, la signification est différente.

 

Redescendus en ville, certains de nos compagnons ont cédé à la tentation de déguster des tartes Tatin avec des chocolats chauds, dégotés dans un salon de thé.

 

Dans les lodges d’altitude, les conditions de vie sont plutôt précaires mais ils sont tous équipés de manière identique.

Les bâtiments sont anciens et vétustes et ils n’ont jamais été rénovés faute de moyens financiers. Les fenêtres des chambres ont un espace d’un centimètre de largeur qui laisse passer le froid piquant de la nuit. Une solution est d’entasser les sacs devant la vitre afin de limiter l’entrée d’air. De plus, la température nocturne est souvent négative et les duvets performants sont souvent insuffisants. Mais dans chaque chambre, il y a une couette fine posée sur le lit qui complète et réchauffe.

Quant aux douches, elles sont basiques, fabriquées en contre-plaqué et recouvertes de plastiques. Cependant, elles sont rares, situées au fond des cours et payantes car chauffées au kérosène ou au gaz, pendant un temps limité. Soit, on se lave et il faut courir vite en sortant, soit on se dispense de douche et on fait une toilette «de chat».

Pour pallier le manque d’eau et donc d’hygiène, les népalais portent en permanence des flacons de solution hydroalcoolique. On en trouve partout ainsi que du papier toilette.

Au milieu de la salle principale servant les repas, trône toujours un poêle alimenté par des bouses de yaks séchées, qui sont inodores. Ce «brasero» est allumé chaque jour vers 17h et chauffe jusqu’au coucher des randonneurs vers 21h environ.

Dans les villages, on voit des gros tas de bouses de yaks qui sèchent au soleil dans les cours ou parfois elles sont étalées dans les champs alentours. Elles sont ramassées et mises en sacs de jute.

 

Les lodges sont composés de petits dortoirs ou de chambres de 2 personnes qui permettent une intimité relative après une journée de marche car les cloisons en contre-plaqué sont minces et on peut profiter des discussions des voisins.

Mais ces chambres sont destinées uniquement aux marcheurs car les Guides et leurs assistants doivent installer leurs duvets dans la salle à manger après le repas du soir et ne peuvent pas partager les dîners à la table des marcheurs. Dans certains hameaux, ils doivent dormir sous des tentes plantées autour des lodges et abritées derrière des petits murets de pierres. Ces murs délimitent les parcelles et font office de ruelles.

Quant à tous les travailleurs d’altitude d’origine sherpa ou non, ils sont rarement autorisés à pénétrer dans les lodges, selon les usages en vigueur dans chaque province. Ils sont tous regroupés et logés dans des dortoirs en sous-sol. On ne les voit que le matin lorsqu’on dépose nos sacs afin qu’ils préparent leurs paquetages avec des cordes très serrées.

 

Chaque matin au petit-déjeuner, on nous sert un œuf frit et 2 tartines de pain de mie grillé. Parfois, nous avons aussi des chapatis népalais soufflés et sucrés qui ressemblent à de gros coussins vides.

Pour nous, randonneurs, les déjeuners sont composés d’un plat unique de pâtes, de riz et de lentilles, sans dessert.

Le soir, les dîners pris vers 18h30, sont plus complets et variés. Quelquefois, nous mangeons des soupes revigorantes avec des légumes et des féculents, accompagnées de galettes plates, de type chapati (ou nan) indien. En octobre, dans les petits jardins, les népalais cultivent essentiellement des épinards, des carottes et des choux.

Et chaque jour, nous buvons le traditionnel thé noir léger servi à volonté au petit-déjeuner, «en apéritif» avant le déjeuner et «en digestif» après le dîner du soir. Notre guide nous obligeait à boire beaucoup d’eau ou du thé car cela contribue à limiter les effets du mal des montagnes. La bière a quelques vertus également mais c’est une question de goût. 

 

Après les 4 premiers jours de météo clémente, malheureusement le brouillard et les nuages ont fait leur apparition, nous rendant moroses et tristounets à cause du manque de visibilité et de l’horizon limité.

L’un de nos compagnons de trek avait eu l’idée géniale de disposer des petits panneaux solaires sur son sac à dos, afin de recharger ses appareils, tels que le téléphone portable et la montre connectée. Cependant, en raison du ciel couvert, la charge électrique ne fonctionnait pas complètement et suffisamment et il a dû acheter des unités dans les lodges pour recharger. Dans les lodges, il y a très peu d’eau disponible mais pour quelques roupies, on peut se fournir en Wifi et en électricité.

 

Nous effectuons l’étape suivante jusqu’à Phortsé à 3800m où le froid est déjà piquant. Le village est très haut perché sur une colline et la dernière montée est très verticale malgrél’aide de nos bâtons de marche.

 

Le lendemain, nous cheminons pendant 6h à travers la forêt jusqu’à Machermo après 980m de dénivelé progressif. Le lodge est situé à 4400m d’altitude et très isolé dans la montagne.

Nous restons tout l’après-midi dans la salle principale car la chaleur est douce et réconfortante. Nous proposons de jouer aux cartes avec les 2 petites filles du gérant qui sont parfaitement bilingues népalais-anglais, elles sont très cultivées pour leur âge (environ 4 ans et 8 ans) et nous battent aisément au jeu (sans tricher). Révision de la langue anglaise.

En raison du nombre important de trekkeurs dans les lodges, les toilettes, situées au bout des couloirs des dortoirs, manquent souvent d’eau la nuit. 

Depuis quelques années, des cuvettes WC ont été installées à l’intérieur des lodges pour plus de confort. Cependant, la chasse-d’eau ne fonctionne pas et un grand fût est toujours posé à côté avec un broc pour verser l’eau dans la cuvette (système long et laborieux).

Du fait de la température négative dehors la nuit, il gèle aussi dans les chambres et dans les couloirs, aussi les barils des toilettes sont souvent recouverts d’une couche de glace, rendant le nettoyage de la cuvette impossible.

Afin de satisfaire des besoins nocturnes urgents, il est conseillé de sortir dehors car l’odeur est rebutante mais il faut s’habiller chaudement et remettre les chaussures !      

  

A la fin de la première semaine, notre guide a réussi à « négocier » les repas du soir avec les responsables des lodges, nous laissant la liberté de nos menus. Nous avons ainsi pu varier les repas avec des pommes de terre frites «à la française» ou en «rösti», des pizzas, des omelettes ou des Momos (gros raviolis fourrés au fromage, aux légumes ou parfois à la viande). Quant aux desserts du soir, pas de choix, soit des tranches de pommes, soit de la salade de fruits, occasionnellement nous avons eu des petits beignets chauds. On s’habitue vite à ne pas consommer de produits laitiers pendant 2 semaines.

 

DINESH, notre guide s’est révélé être très compétent professionnellement, adorable, souriant, doté d’humour et cultivé. Il a réussi à créer une dynamique positive dans le groupe, plutôt disparate et sans harmonie. Il était généreux et a eu des attentions particulières pour chacun de nous au cours des 3 semaines. C’était un plaisir de l'écouter raconter chaque soir, après le dîner vers 20h, l'histoire de son pays, en matière d’économie, de santé, de politique ou de vie sociale. Issu d’une famille nombreuse et modeste, il a dû travailler très jeune comme porteur pendant quelques temps. Mais déterminé, il a étudié le français et a passé les épreuves pour devenir guide de montagne et il est fier de son métier qu’il exerce avec passion. Il est venu effectuer un stage en France où il a gardé des liens d’amitié.

 

En arrivant à Gokyo, à 4700m, le paysage était à couper le souffle, l’immense lac était d’un bleu turquoise sublime et irréel. Pendant un court instant de soleil, les montagnes se sont reflétées, telle une carte postale. Nous avons déjeuné rapidement et sommes remontés sur la moraine à 5000m afin d’améliorer notre acclimatation et d’apprécier la vue sur le glacier de l’autre versant. Au loin, le guide nous a montré des coqs de bruyère locaux (peut-être des lophophores).

 

Le lendemain, réveil aux aurores à 4h et sans petit-déjeuner, nous sommes partis dans la nuit noire, gravir le Pic de Gokyo à 5300m, sur une piste très pentue. Le froid vif matinal nous coupait la respiration pendant la montée. En arrivant, la récompense du panorama promis au sommet, fût de courte durée car le ciel était couvert et les montagnes environnantes étaient dans le brouillard. Nous aurions dû apercevoir l’Everest mais aucune ombre du toit du monde à l’horizon, quelle déception.

Transis de froid, la descente du sommet s’est avérée un peu trop rapide et des glissades étaient fréquentes en raison de l’humidité, de l’inclinaison et des virages serrés.

Au retour, nous avons bien mérité notre petit-déjeuner mais à peine rassasiés, dans la matinée, nous avons repris le chemin sur un glacier recouvert de rochers, pour arriver vers midi au lodge de Dragnag encore situé à 4700m entre 2 collines.

Dans la salle de repas, nous sommes tombés sur 2 français, qui racontaient leurs aventures. Ils étaient vêtus chacun d’un gros pantalon en duvet et d’une énorme doudoune rouge en duvet avec juste un débardeur dessous. Un léger différend nous a opposés concernant l’utilité de prendre un guide pour faire un trek. La discussion s’animant, nous avons abandonné face à ces «fanfarons», loin de notre vision du monde.    

Seuls l’après-midi, nous avons pu nous reposer entre nous, dans la salle. Cependant, la pièce s’est rafraîchie car malheureusement la neige a commencé à tomber sur le lodge.

Le jour suivant était particulier. Nous devions franchir le Chola Pass (col du Chola) à 5400m, aussi le lever était programmé à 4h du matin. A cette heure matinale, nous avons eu la mauvaise surprise de voir à travers la vitre que la neige tombait encore et cernait le lodge. Nous sommes donc partis très couverts, avec nos lampes frontales éclairant un chemin monotrace tout blanc et pentu. On «patinait» vers l’inconnu mais nous n’étions pas les seuls marcheurs.

Après quelques glissades, le col s’est avéré très difficile à gravir en raison de l’épaisseur de neige fraîche qui masquait le chemin très abrupt et rendait l’ascension délicate et périlleuse. Heureusement, des câbles d’acier équipaient les 200 derniers mètres avant le sommet. Ceux-ci ont permis d’éviter des «culbute en arrière mais on a effectué quelques grands écarts involontairement. Arrivés au col enneigé, nous avons dû chausser des crampons légers que notre guide avait transporté dans son sac car il était impossible de continuer à avancer dans la poudreuse.

Sur l’autre versant de la montagne, la neige était aussi épaisse, au moins 30cm et de gros blocs rocheux encombraient le chemin, nous obligeant à sauter, escalader et nous agripper avec nos mains. Nous avons fait beaucoup de pauses pour nous attendre mutuellement.

Arrivés à Dzongla à 4850m, le lodge construit sur un plateau, était bien exposé au froid et le blanc dominait sur cette butte. Les mares d’eau étaient gelées autour des tentes destinées aux assistants et porteurs mais elles formaient de jolis miroirs où se reflétaient les cimes. Il faisait moins 10° dehors et moins 2° dans les chambres qui étaient au fond de la cour. La salle principale était glaciale et des trekkeurs s’enroulaient dans leurs duvets pour jouer aux cartes ou discuter. Difficile de se lever la nuit pour aller aux toilettes et galère au petit matin pour sortir du duvet et s’habiller car on a découvert de la glace sur les bidons d’eau et sur la vitre à l’intérieur de la chambre.

 

Cependant au petit-déjeuner, petite récompense car le soleil était de retour à travers les vitres. Le sol était toujours gelé et quelques plaques de neige persistaient mais nous avons apprécié de marcher dans une douce ambiance avec une vue imprenable sur les cimes immaculées. Agréable pause déjeuner à Lobuche dans un sympathique restaurant boisé, illuminé de soleil, au carrefour de 2 routes où se croisaient des marcheurs, des chevaux et des yaks.

Le lodge suivant de Gorakshep était le plus haut de notre trek, perché à 5160m d’altitude, aussi les conditions de vie étaient plutôt précaires. 

Les latrines (WC : 1 fosse et 2 planches au-dessus pour les pieds) se trouvaient dehors au fond de la cour.

D’autre part, il n’y avait pas du tout d’eau pour boire ou pour une éventuelle douche et on a dû acheter de l’eau à 5€ la bouteille d’un litre.

Mais étonnamment, ce bout du monde était très fréquenté car il menait au célèbre Camp de Base de l’Everest à 5360m. Nous y sommes allés le lendemain juste après l’ascension très raide du Mont Kalapathar à 5600m, réputé pour la raideur de son chemin.

Le camp de base de l’Everest est un site mythique, magique et grandiose, qui fait rêver beaucoup de trekkeurs et où tous les alpinistes de renom ont commencé leurs ascensions vers les principaux sommets de l’Himalaya. Plus loin se trouve l’Icefall, la célèbre cascade de glace difficile à franchir malgré les échelles posées par les porteurs. A chaque saison, la physionomie du paysage bouge d’un mètre et le début d’ascension devient risqué, périlleux et malheureusement meurtrier. Ces fameux pénitents, gros blocs de glace pointus gigantesques sont impressionnants par leur taille, leur couleur bleue par transparence et par la sérénité qu’ils dégagent. Nous nous sommes approchés pour prendre quelques photos.

Ce lieu de campement dédié aux expéditions extrêmes n’était pas peuplé par des tentes à cette époque de l’année. Sa Majesté l’Everest et les sommets alentour sont plutôt fréquentés au printemps, entre avril et mai. Néanmoins, quelques alpinistes chevronnés effectuent de plus en plus souvent des ascensions hivernales, entre décembre et février, très délicates.

Cependant pour nous, ce Camp de Base était principalement le point d’attraction de notre trek, notre modeste Graal, notre point culminant (à chacun son Everest). Nous avons cédé à l’offre proposée par des professionnels présents qui délivraient des certificats.

   

Nous sommes restés 2 jours à cette altitude dans ce bâtiment austère mais notre bonne acclimatation nous a permis de passer 2 nuits relativement paisibles malgré le froid et l’air vif. Petit couac avec la lampe, pour laquelle il fallait assembler 2 fils pour faire le contact et déclencher la lumière, ce qui n’était pas rassurant. D’autre part, la porte et la fenêtre ne fermaient pas parfaitement, en raison d’un décalage dans les encadrements.

Dans ce lodge, se trouvait un groupe d’une dizaine de japonais. Ils étaient accompagnés de serviteurs qui avaient apporté la vaisselle, les baguettes, les bouillottes de lit et cuisinaient les petits plats particuliers afin de maintenir un «confort relatif». Inouï.

 

Puis le 24 octobre, nous sommes partis pour la deuxième partie de notre trek, en entamant la descente par un chemin différent de celui à l’aller. Au début, nous avons rencontré beaucoup de chörtens, petits monuments funéraires tibétains érigés par des familles, en hommage aux alpinistes décédés sur les montagnes. Leur nombre était important et émouvant.

 

Il avait tant neigé que le chemin était encore blanc et glissant et j’ai préféré rechausser les crampons après plusieurs chutes sur les fesses et des grands écarts.

Dans un froid toujours glacial, nous avons fait halte l’après-midi dans le beau lodge de Dingboche, situé à 4400m où un cybercafé attirait les jeunes randonneurs. Un local inattendu, où la bière régionale «Sherpa» ou «Everest» réconfortante coulait à flots.

Le lendemain, nous sommes repartis sous une pluie fine mais après quelques kilomètres vallonnés, petite pause imprévue sur la piste car un de nos compagnons de trek croyait avoir oublié ses lunettes le matin au lodge. En l’attendant, nous avons ramassé ça et là des petits et gros cailloux et avons improvisé une partie de «pétanque» faisant l’attraction de quelques népalais étonnés.

Puis nous avons déjeuné face au monastère de Pangpoche que nous n’avons pas visité.

Dehors dans la cour, assis en tailleur sur un tapis, le patriarche du restaurant cousait à la machine à coudre, tout en surveillant son petit-fils à côté de lui.

L’après-midi, sous une pluie neigeuse, nous sommes arrivés dans le lodge surchauffé, bondé et bruyant de Tengboche à 3850m et j’ai décidé de prendre une douche chaude.

Celle-ci est installée au fond de la cour et le vent est si vif et fort que j’ai attrapé froid en sortant les cheveux et les pieds humides. Toute la soirée j’ai grelotté et éternué.

Le lendemain, avant de partir, nous avons visité le monastère connu désormais car il abrite certaines sépultures de sherpas, après l’avalanche de 2014.

Au fur et à mesure de la descente, le chemin est devenu de plus en plus vert, on a retrouvé la végétation, les arbres et les fleurs. Malheureusement, les rhododendrons ne sont pas fleuris à cette époque. On s’est rendu compte que l’on respirait mieux, que l’on dormait mieux et que les symptômes du mal d’altitude disparaissaient progressivement. Les fonctions de l’organisme se rétablissent grâce à la remontée de la pression atmosphérique et du taux d’oxygène. La température de l’air devenait désormais positive et le soleil est réapparu, nous réchauffant le corps et le cœur.

Pendant tout le trek, notre guide, à la pointe de la technologie, a mesuré tous les 2 jours, notre taux d’oxygène dans le sang et notre fréquence cardiaque avec un oxymètre.

Désormais, les guides sont fortement incités à surveiller les randonneurs pendant la marche, afin d’éviter des problèmes dus à l’altitude (Mal Aigu des Montagnes, appelé MAM). Un guide est autorisé à stopper et faire évacuer un marcheur qui aurait des difficultés respiratoires ou cardiaques. Cependant, à l’altitude où nous sommes montés, les œdèmes cérébraux ou pulmonaires graves sont très rares.

 

Le lendemain matin, nous avons fait une pause improvisée, en buvant du vrai café et en dégustant des viennoiseries dans une «boulangerie à la française» rencontrée sur le chemin.

Puis à midi, nous sommes descendus dans la ville de Namche Bazar où nous avons été invités chez des amis de notre guide Dinesh. Ce dernier était fier de nous présenter des spécialités traditionnelles, telles que la citronnade chaude et les Momos servis à gogo, raviolis farcis de bœuf ou légumes accompagnés de sauces très épicées. Puis pour terminer le repas, nous avons eu droit au typique Thé salé au beurre de yak. Curieux, nous avons bu une première gorgée mais avons déchanté car la boisson était plutôt âcre, écœurante et indigeste. J’ai laissé mon verre de côté où le beurre flottait sur la surface. A la sortie de la ville, nous avons été attirés par des népalais qui pratiquaient des paris dans la rue, pour gagner des lots. Ce genre de jeux est autorisé lors des fêtes.

 

Le soir, nous avons dormi dans le lodge de Monjo, très belle salle en bois décoré. Le lendemain, nous souffrions d’une diarrhée.

 

Nous avons terminé la dernière étape du trek en longues descentes et en côtes bien raides, avec des ponts suspendus et des escaliers, pour un retour à Lukla dans le même lodge où nous avions goûté le thé. Les genoux ont souffert à la descente.

Exceptionnellement et en accord avec notre guide, nous avons pu «fêter» le dernier soir du trek avec les 4 porteurs sherpas et les 2 assistants Lapka (expérimenté sur l’ascension de l’Everest) et Nima (jeune étudiant en formation montagne). Nous les invitons à notre table et partageons le repas de steaks de yak qu’ils ont peu l’habitude de manger et des légumes. Tout le monde a goûté à la bière locale, servie en canette de 50cl, l’occasion de tourner la tête rapidement. Dans cette circonstance, nous avons remis à chacun une enveloppe contenant son pourboire. Cette tradition est facultative mais c’est une coutume honnêtement méritée pour tous les porteurs.

La barrière de la langue ne nous a pas permis de communiquer aisément et malgré la traduction simultanée de notre guide, quelques questions sont restées incomprises.

Il est indéniable que les porteurs sont des personnes pudiques et réservées, qui ne partagent ni leurs impressions ni leurs émotions. Ils sont trop habitués à être mis à l’écart. Leur métier est très éprouvant, il génère de la souffrance et une santé précaire, en raison souvent de leur jeune âge. Mais ils ne se plaignent jamais et sont toujours souriants, avenants et solidaires entre eux. Quelle leçon à retenir.

Le guide nous apprend qu’après de nombreuses années d’instabilité au Népal, la monarchie a été abolie en 2008 et la démocratie a été instaurée. Cependant, la nouvelle constitution n’a été adoptée qu’en 2015 et le Népal est devenu une république fédérale. Des lois ont réglementéles conditions de travail des porteurs d’altitude en Himalaya, notamment sur le recul de l’âge en début de carrière, les horaires, les charges autorisées pour chaque porteur. D’autre part, la terrible avalanche en 2014, qui a tué 16 sherpas au début de l’ascension sur l’Everest, a permis également d’alerter sur la pratique extrême et la dangerosité de l’himalayisme. Les porteurs se sont révoltés et ont refusé de participer aux expéditions prévues, créant un blocage au sein des groupes d’alpinistes.

Cela a permis d’améliorer les modalités de travail, notamment les salaires et la sécurité. Cependant, les coutumes ont la vie dure et certaines régions ne respectent pas les nouvelles directives.

 

Au cours de la nuit agitée, des pétards ont été lancés dans les rues, faisant aboyer les chiens errants.

 

Le lendemain, nous partons très tôt du lodge vers l’aéroport de Lukla situé à 10mn à pied. Les douaniers méfiants et intransigeants, nous ont fait ouvrir plusieurs fois nos sacs.

En raison d’un brouillard épais, nous avons dû patienter 2h jusqu’à l’arrivée du petit avion en direct de Katmandou.

Nous sommes revenus à l’hôtel en fin de matinée et quel bonheur divin de paresser sous une douche chaude et sans limite de temps. Nous nous sentons propres, détendus et privilégiés d’accéder à un acte banal dont beaucoup de népalais ne peuvent bénéficier. Nous improvisons et programmons les 2 jours suivants pour la visite de la capitale.

Mais dès le premier soir, nous sommes invités par notre guide à dîner dans un grand restaurant où nous renouons avec de succulents plats raffinés, des petits pains frais et des boissons différentes du thé.

Le lendemain, au petit-déjeuner à l’hôtel, nous savourons des produits laitiers et des fruits, n’ayant consommé quasiment que des féculents et des œufs pendant 2 semaines.

En tant que coureurs, notre œil est attiré par une femme qui entre dans la salle, en tenue de course à pied, suivie d’une autre femme vêtue également d‘un tee-shirt rose vif agrémenté de symboles et publicités. Puis plusieurs autres femmes viennent se ravitailler avec les mêmes maillots roses où des dossards sont agrafés. Intriguée, je mets de côté ma timidité et ose aborder une jeune femme qui parle français. Elle m’informe qu’elles sont 15 femmes de diverses nationalités et toutes membres d’une association internationale. Elles traversent le Népal en courant entre 8 à 10 kilomètres par jour, en s’arrêtant dans des petites écoles reculées et en distribuant des fournitures scolaires. Je les encourage pour leur belle et généreuse action humanitaire qu’il faudrait développer davantage.

 

C’est au Népal que naquit Bouddha, aussi ce matin, un guide culturel est mis à notre disposition toute la journée pour organiser la visite de monuments et temples à Bhaktapur, à une quinzaine de kilomètres de Katmandou. Nous sommes 5 à participer. Nous sillonnons les ruelles et nous arrêtons devant plusieurs sanctuaires hindouistes de la Place Durbar. Des offrandes et des poudres de couleur rouge sont jetées ça et là sur les statues et à chaque pause, le guide nous explique brièvement l’histoire et le symbole de tous ces édifices.

Sur certains emplacements moins fréquentés, du riz récolté récemment est étendu sur le sol pour sécher et quelques poules profitent et picorent les graines « tombées du ciel ».

Nous découvrons les habitants de Bhaktapur, dans leurs boutiques et sur les marchés de fruits et légumes. Des étals sont déployés dans les rues piétonnes, garnis de poissons à l’œil glauque ou parfois de feuilles de bétel très «prisé» agrémentées de noix d’arec ou de petits fruits rouges.

Des récipients remplis de viande sont posés sur le sol, au niveau de la truffe des chiens errants attirés par l’odeur forte. Afin d’atténuer ces arômes puissants, des bâtons d’encens sont allumés autour.

 

Dans les temples, les religieux en robe safran se font discrets. Nous sommes entrés dans plusieurs monastères mais nous n’avons malheureusement pas pu les observer pendant leurs offices.

 

Puis après déjeuner nous continuons vers la petite place Taumadhi Tole et reprenons le car.

Quelques kilomètres plus loin, nous arrivons au pied du plus grand Stupa au monde au nom de Bodhanath, culminant à une hauteur de 38m. De nombreux népalais viennent en «pèlerinage» marcher autour de ce stupa en faisant tourner les moulins à prière, situés dans des niches et en incantant des mantras, tout en égrenant des chapelets de perles appelés Mâla.

 

Notre guide nous a expliqué la Fête des Lumières, appelée «Tihar» qui se déroule dans la vallée du Khumbu en octobre. Cette tradition hindouiste dure 5 jours et chaque journée est consacrée à une créature différente.

Le premier jour est destiné aux corbeaux (messagers et gardiens des enfers), le second jour est attribué aux chiens (souvent errants) que l’on orne de guirlandes de fleurs et de tikas (ronds rouges sur le front), le troisième jour est dédié à la déesse Laxmi, symbolisant la prospérité, le quatrième jour concerne les vaches vénérées (bœufs et yaks) qui sont décorées de colliers d’œillets d’inde oranges. Et enfin le cinquième jour célèbre les frères et sœurs, qui s’offrent des cadeaux en se souhaitant une longue vie.

Pendant ces 5 journées censées éloigner les mauvais esprits, des népalais se déplacent en processions, prononcent des prières ou des bénédictions. Nous avons croisé des groupes de musique sillonnant les rues, en costumes régionaux.

Pour le plaisir des yeux, les népalais très fervents décorent les entrées des maisons ou des boutiques avec de magnifiques «Rangolis», dessins éphémères créés avec des fleurs, des poudres multicolores, de la farine et des graines.

Les femmes se parent de leurs plus belles robes traditionnelles brillantes, brodées et colorées avec des chapeaux assortis et les enfants portent des lampes à huile en papier et lancent des pétards très bruyants. Ces derniers en profitent pour arrêter les touristes dans les rues et récolter quelques roupies d’argent de poche.

{J’aurais aimé apercevoir la Koumari dans son Palais, l’unique déesse vivante au monde. Cette dernière est choisie à l’âge de 3 ans par un comité de prêtres bouddhistes, selon un rituel tantrique et conformément à 32 critères religieux stricts. Elle est élue parmi des milliers de petites filles. Elle est l’incarnation de la déesse hindoue Durga. Durant son règne, elle est vénérée et adorée jusqu’à sa puberté}. Il semble qu’elle soit visible plutôt en septembre.

 

Au cours de l’après-midi, nous avons assisté à une cérémonie de crémation située sur les rives d’une rivière, très perturbante et dérangeante pour un français non familiarisé à ce genre de célébration publique où les enfants sont présents. Notre guide a lourdement insisté pour que nous restions jusqu’à la «mise à feu» d’un défunt enroulé d’un linge orange, après avoir assisté aux rituels effectués par la famille.

Sur les lieux, nous avons aperçu des «Sadhu», ces personnages respectés et vénérés, en recherche spirituelle, qui ont renoncé à la société et qui vivent d’offrandes. A l’image de Shiva, l’un des dieux vénérés au Népal, ils ne coupent jamais leurs cheveux. Ils vivent quasiment nus et souvent en posture de yogi. Ils font vœu de silence et d’abstinence et peuvent rester pendant des heures dans la même position sans vaciller.

 

Après le retour en ville, nous accusons une légère fatigue due à nos 16 jours de marche en altitude ainsi qu’au voile de pollution qui auréole Katmandou. Nous avons bénéficié d’air pur en montagne à 5000m et le contraste est un choc. De chaque côté des rues étroites bitumées ou non, des terrains vagues jonchés de détritus, des chantiers en cours ou des bidonvilles génèrent beaucoup de poussière. Nous sommes asphyxiés et constatons que beaucoup de népalais portent des masques. Nous hésitons à en acheter, tellement l’atmosphère est pesante dans les rues. De plus, les artères sont saturées de taxis, motos, scooters et vélos et il est difficile de traverser entre tous ces véhicules en raison du manque de feux tricolores et de passages protégés. Nous décidons de suivre de très près les népalais dès qu’ils traversent.

Histoire de se divertir et de changer du centre ville, le lendemain, avec mon mari, nous décidons de visiter Swayambhunath, le «temple des singes». De nombreux primates ont investi les lieux, se chamaillent et dérobent les offrandes laissées par les dévots népalais. Ils sont sacrés et protégés dans le pays et il est conseillé de ne pas les regarder dans les yeux car ils se sentent menacés. D’ailleurs, j’ai été bousculée par une française effrayée par un singe convoitant sa nourriture et plus elle criait, plus le singe était énervé et la poursuivait.

Mais cette visite se mérite car le monument surmonté d’un grand stupa est situé sur une haute colline et il faut monter 365 marches bien raides pour accéder à ce vieux site bouddhiste sacré. Les visiteurs essoufflés font de nombreuses pauses, vu la verticalité de l’escalier. Mais, au sommet la vue est imprenable sur la vallée de Katmandou malgré la pollution.

 

Enfin, nous avons consacré un unique après-midi à sillonner les ruelles de Thamel, le quartier des boutiques de souvenirs, afin d’acheter des cadeaux. Nous n’avons eu que peu de temps pour les choisir et pour écrire nos cartes postales.

Le soir, seuls en couple, nous avons goûté un Dal Bath, dans une petite taverne. Ce plat traditionnel très épicé est présenté sur un plateau et composé de riz blanc et d’un curry de légumes que l’on arrose d’une soupe de lentilles. Pour apaiser notre palais, nous nous sommes délectés d’un yaourt maison bien frais. Chaque jour, les népalais mangent ce mets familier en formant des boulettes de riz avec leur main droite.

Tout au long de ce séjour de vie en communauté, nos 6 compagnons de trek ont dévoilé chacun leur personnalité. Des caractères se sont révélés, tels l’indépendance, la solitude, le charisme, l’exigence, la spiritualité, le comique ou l’impatience. Nous nous sommes évertués à être nous-mêmes, ouverts, bienveillants et indulgents, sans forcément y parvenir mais nous avons apprécié de partager ces semaines ensemble.

 

Pour le départ, il n’y a pas eu d’effusions sauf avec notre guide qui nous a enlacés et offert une nouvelle écharpe rouge afin de nous souhaiter un bon voyage de retour.

Concernant le retour en avion, notre groupe a voyagé sur des vols différents, chacun étant originaire de diverses régions en France ou en Suisse.

Mon Mari et moi ainsi que Michel, notre complice distrayant, sommes partis les premiers en début de matinée.

Malheureusement, à l’escale de New-Delhi, l’avion accusait un gros retard. Nous étions contraints de passer rapidement aux contrôles, aussi nous avons été escortés par un agent Indien, avec lequel nous avons pris des raccourcis au pas de course, à travers des couloirs secrets et interminables dans le sous-sol de l’aéroport.

A bord du vol vers Paris qui durait 8h environ, nous avons occupé notre temps à regarder des films en français, tels que «Bohemian Rhapsody» et «A star is born», longs métrages musicaux divertissants.

 

Un voyage organisé par une Agence est défini à l’avance. L’itinéraire, la durée et l’hébergement sont préétablis et il n’existe que peu de place à l’improvisation, le guide veille au bon déroulement.

Cependant, l’organisateur ne maîtrise pas tout et ce sont les petites histoires qui écrivent le scénario du voyage. Tout au long du chemin, les imprévus et les anecdotes sont parfois cocasses, inattendus, délicieux ou amers mais contribuent à des souvenirs mémorables.

 

* Nous sommes souvent en quête d’évasion, de découverte et d’originalité,

* Voyager permet d’assouvir un rêve, une curiosité et participe à s’enrichir des différences

de chacun,

* Les préjugés sont un frein à l’ouverture d’esprit vers d’autres cultures,

* Avoir un regard impartial est le fondement d’un voyage insolite, singulier et inoubliable,

* Afin d’apprécier à leurs justes valeurs les choses de la vie, il faut être confronté à          l’inconnu,

* Parcourir les pays suscite l’envie de découvrir de nouveaux horizons.

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